Les mots pour le dire (2) : une histoire de puits.
Les mots changent...
0n disait folk. Ca suffisait. Chansons folk, bal folk, musique folk. Ca ne voulait pas dire « folklorique ». D'ailleurs, en langage courant, « folklorique », ça veut dire « pas sérieux ». Et on détestait, on honnissait le folklore : folklore, culture pétrifiée, répétition à l'identique, mécanique et légèrement ridicule. Et qui avait perdu le sens de la VRAIE tradition.
On disait donc « folk ». Mais pour certains, « folk », ça faisait encore trop penser à folklore. Détestable frisson de confusion à l'énoncé du mot...Et aussi, pour les rockers, « folk » veut dire autre chose, voir le magazine Rock and folk...
Alors aujourd'hui, on dit « trad ». Ca fait penser à « traditionnel », mais ca ne veut pas vraiment dire traditionnel. Qui d'entre nous s'en tient à la tradition ? à sa tradition ? Et à la tradition de qui, d'ailleurs ? Celle de Papa, ou de Mamie, ou bien de l'ancêtre de 1850, ou même de celui de 1820 ? (moi, je ne suis pas encore remontée au-delà, il s'appelait Pierre et j'ai son nom dans un acte notarié jauni, qui m'autorise à tirer l'eau d'un puits qui, lui, ne m'appartient pas). Ou bien la tradition de l'ancêtre que nous rêvons d'avoir eu ?
Et au fait, avez-vous une tradition? Moi...pas vraiment. Mais j'ai toujours le droit de tirer l'eau de ce puits ! Alors, le chant traditionnel...je l'ai appris en stage.
Oui, nous sommes tous (ou presque) des revivalistes : nous nous réclamons d'une tradition...qui n'est guère la nôtre. Nous tirons l'eau d'un puits qui, disons-le, n'est pas à nous. Mais nous avons le droit, et cette tradition,... elle n'existe parfois plus que par nous !
Bref, trad de chez trad, le mot est à la mode. Sauf pour le bal : lui, il est folk, et il le reste. Et Accrofolk ne s'appelle pas Accrotrad.
Rendez-vous au prochain bal...folk.
Cheveux Gris