La bourrée, des regards plein les yeux

Le regard entre cavalier et cavalière est un jeu qui participe au plaisir de la danse. Regards furtifs, regards intenses, regards fuyants…. l’émotion passe par les yeux de manière très différente selon les partenaires. Elément fort important dans les danses de couple, les mixers et les contredanses, le regard prend une dimension particulièrement originale quand on danse la bourrée. 

Une cinquantaine de danseuses et danseurs se sont exprimés spontanément à ce sujet autour du thème de la bourrée via le site TradZone, le grand forum des musiques et des danses traditionnelles. Voici quelques-unes unes de leurs réactions.

bourree et regard

Audrey - 28 ans, Lyon

« Ca peut être intéressant de regarder par petits touches, surtout si on est un peu timide. C'est mimi aussi, les regards timides. On est pas obligé de se "boire des yeux"... Même si le regard est important lors des bourrées, il est à doser, pour être intense.
Si on regarde son partenaire dans les yeux par obligation ou par vanité, ce n'est pas drôle. Par contre, on peut très bien danser une bourrée les yeux dans les yeux sans être dans la "drague". C'est plus une façon d'être dans l'échange avec mon partenaire fille ou garçon. C'est un peu comme lui raconter une histoire, lui dire qui on est, les émotions dans lesquelles on est dans l'instant... Ca n'est pas forcément un rapport amoureux. C'est ça qui est chouette ! Je pense que certaines danses se prêtent plus au jeux de regard que d'autres : une chapelloise sans regards, autant aller boire du Champo...y. Idem pour les bourrées. Par contre, pour les danses de couple, ça dépend. Pour danser une valse les yeux dans les yeux, j'ai besoin d'être en confiance. C'est rare.»

Tiphaine  - 29 ans, Maine-et-Loire et Vendée

« Je ne peux pas danser la bourrée avec un total inconnu, une personne avec qui aucun "feeling" ne passe . Je peux tout de même danser avec des personnes que je ne connais pas et avec qui « ça passe ». Je ne sais pour quelle raison, une sorte de complicité s'installe d'emblée. Et là, c'est une question de regard, parce qu'on se parle avec les yeux. C’est important pour partager la danse. Mais, il n'est pas nécessaire d'être continuellement plongé dans les yeux de l'autre. Communiquer avec les yeux est tout un jeu et les interruptions ont-elles aussi leur signification. Le regard timide peut également être très expressif.
Arkis «Je pense que c'est primordial. Un sentiment fort peut se dégager si les regards sont intenses et cela rend la danse encore plus agréable !»

Marou - 22 ans, Bourbonnais

« Les yeux dans les yeux, bien sûr ! J'irais presque jusqu'à dire que la bourrée est faite pour ça... Elle peut contenir tellement de significations ! Le défi, le jeu, l'approche... Si les danseurs ne se regardent pas la danse s'en ressent, c'est d'un ennui ! Alors bien sûr, il y a bien quelques cas particuliers. La timidité peut peut-être empêcher l'un des deux danseurs de regarder l'autre, mais ça ne veut pas forcément dire qu'il ne se passera rien dans la danse. Il y a aussi le cas "regard dérangeant". Il peut arriver que l'un des deux danseurs ait un regard un peu trop significatif, ou scrutateur, ou... A ce moment là, il est certain qu'il est difficile de danser les yeux dans les yeux sans craindre de donner l'impression d'adhérer au comportement de l'autre. Par contre, à part ces menus détails, des yeux, des yeux !»

 

Gadget - 17 ans

« Quand on danse la bourrée, c'est par le regard que passe tout le jeu, toute la séduction et... le reste !! Le plus agréable étant peut être quand on est forcé de lâcher le regard de l'autre pour une figure, simplement pour avoir le plaisir de le retrouver après... »

Emmeleia - 20 ans, Nantes

« Je reste pendue à ton regard, ce qui nous relie le temps de la danse. Ce bleu est si intense qu'il est impossible de baisser les yeux et de ne pas rougir ! Merci pour ces magnifiques danses et pour ton regard !»

Bastet - 26 ans

« Moi, j’ai des difficultés car je suis timide. Parfois, cette timidité est interprétée comme une froideur, du snobisme ou pire, comme de l’ennui…

 

Maïwenn - 17 ans, Nantes

« Ce n'est pas toujours possible de se regarder dans certaines danses de couple quand on a le nez dans l'épaule de son partenaire. C'est un torticolis assuré ! Pour la bourrée, ce qui est magique, c'est que tout le lien se fait par le regard. On ne se touche pas, on se frôle à peine. Mais, on est complètement liés par le regard. On ne détache les yeux que pour les rattraper. Toute la complicité de la danse dans l'expression des yeux. »

Alek - 21 ans, Auvergne et Bourbonnais

« Le regard a une place très importante dans la bourrée. Chercher le regard de quelqu'un qui est ailleurs est désagréable. Il est vrai que c'est assez difficile à réaliser quand on est timide, ça demande de prendre sur soi. Mais c'est un bon exercice et, avec le temps, c'est de plus en plus facile, jusqu'à devenir instinctif. »

Maria - 29 ans

« Oh non, oh non, oh non ! Pitié pour vos partenaires ! Pas les yeux dans les yeux ! J’aime encore mieux qu’on m’écrase carrément les pieds. La communication, c’est bien plus subtil que ça. Des regards rapides, des attitudes, des frôlements… Même les gens qui me fixent dans les swings de cercle circassien, j’ai l’impression qu’ils pèsent une tonne. Heureusement, ça ne dure pas très longtemps et je les fuis le reste du bal. »

 

Elodie - 23 ans, Haute-Loire

«Le regard permet de "communiquer" avec son partenaire, faire passer des émotions, jouer, se chercher, être "coquin", rigoler. Mais pour avoir ce regard, que moi je pourrais avoir avec certaines personnes (pas toutes malheureusement), il faut que j'ai une certaine relation existante avec ce ou cette partenaire. Pas une relation de longues années, mais que je le connaisse un minimum. Je "m'adapte" à sa personnalité et c’est la que je vais commencer à le chercher, à jouer, à le faire venir dans "mon univers" pour qu'une certaine complicité naisse entre nous ....»

Tirno - 22 ans

« Pour moi la question ne se pose pas, sinon autant danser tout seul ! D'un autre coté, cela peut mettre mal à l'aise. Mais la c'est comme le contact, on a perdu l'habitude de se toucher et de se regarder dans les yeux. Il faut que le regard soit expressif, même si c'est "oulah, ça m'intimide qu'on se regarde" et autre que "bon oui, on danse ensemble.»

Lolo - Auvergne

« Pour moi le regard en bourrée est très important, on peut exprimer tellement de choses... La bourrée est une danse qui appelle le regard ! On a beaucoup de liberté dans les déplacements comme dans le regard. Il faut en profiter ! Bien entendu, fixer une personne droit dans les yeux du début à la fin, je ne le ferais pas. Non pas que cela me gêne, mais il me semble qu'il est plus facile (et plus naturel) de faire passer des émotions et des sentiments par un regard qui s'interrompt, qui se détache quelques instants pour mieux revenir ensuite se plonger dans celui de son partenaire.»

 

LSereno - 29 ans, Strasbourg

« La bourrée en ligne, je ne la conçois pas autrement que les yeux dans les yeux. Pas forcément en permanence, puisqu'il faut aussi varier les plaisirs. Mais, c'est aussi primordial que respecter les temps de la musique pour être en accord avec sa partenaire. C'est vrai que le regard peut gêner, mais il n'a pas besoin d'être insistant non plus. Il faut aussi respecter sa partenaire. Après, ça peut venir petite à petit, au fur et à mesure que le feeling s'installe. Il suffit d'être patient et quand toutes les étapes sont franchies, on est toujours récompensé par un sourire.»

TiFred - 24 ans, Normandie et Pays de la Loire

« Cela dépend de la cavalière... Il y a une recherche de jeu de regard. Cela peut être un regard rapide, un frôlement, un message à faire deviner... Mais, j'aime bien regarder dans les yeux et certaines cavalières veulent de ce regard et d'autres non. Donc, je m'adapte

Debbie la violoneuze (Montluçon) « Le regard est important ! Oui, oui oui ! Notre attitude, notre façon de s'exprimer varie selon la musique et le regard rend la danse encore plus savoureuse...»

Publié sur AccroFolk en accord avec Tradzone.
Texte paru dans Trad magazine n° 114