De nombreux éléments participent à l’étonnante magie des bals folks. Leurs danses d’origine traditionnelle de tous styles y réunissent activement des participants ouverts aux contacts et friands de variations et de mélanges de genres. Ces ouvertures culturelles et personnelles stimulantes en sont la quintessence. Mais d’autres ingrédients apprêtés de manières différentes selon les événements contribuent finement à la réussite de la fête.
Divers facteurs se recoupent et interagissent dans la réussite d’un bal. Parmi eux, la personnalité et l’énergie des musiciens, la manière dont ils communiquent avec les danseurs, ainsi que leurs choix de danse, bref leurs savoir-faire essentiels. Du côté des danseurs, il y a la complicité qui unit souvent les habitués et la satisfaction des nouveaux venus à découvrir la convivialité active si propre au folk. Il y a la connivence qui se noue entre musiciens et danseurs. N’insistons pas sur ces aspects-là pour cette fois.
Un autre élément, plus matériel, peut considérablement influencer l’ambiance du bal : le lieu où il se déroule. Entre gymnases (trop) polyvalents, salles des fêtes de tous âges et festivals en plein air, on en voit des vertes et des très mûres. Même si la musique et la danse peuvent en faire oublier le cadre, il ne faut pas le négliger.
Une salle spacieuse, haute en plafond, aérée, est une bonne base de départ. Décoration discrète, ou site de grand style, de la grange rustique au salon sophistiqué art déco ou au loft en devenir high tech, tout peut convenir côté accessoires. Le décalage des genres a son charme. Mais, abordons plus en détail certains nécessaires composants.
L’élément primordial du bal en est le sol. Il y a de tout dans ce domaine aussi. Le carrelage froid, même s’il rafraîchit les pieds nus de certains ascètes (im-)pénitents évoque fâcheusement les cuisines industrielles. Certains revêtements rugueux de salles de sport ne permettent pas de virevolter dans de bonnes conditions, sans parler du pénible gravier ou du macadam de certains festivals certes plus musicaux que dansants.
Le meilleur des sols pour le meilleur des bals, à la quasi unanimité des spécialistes, c’est le parquet ! Un parquet poncé et poli par des milliers de pieds et assoupli dans ses fibres les plus intimes. Un parquet qui fait corps avec les danseurs tant il semble réagir au rythme de la musique et accompagner le mouvement. Un parquet qui vit et chante avec le bal et qui trouve avec lui sa plus grande raison d’être. Un bon parquet, c’est un parquet de bois verni, sans écharde, ni clou qui dépasse. Un parquet qui glisse bien, ma non troppo ! Un parquet aérien qui rend la valse fluide mais qui campe bien vos appuis pour la bourrée. Ah, et aussi un parquet qui claque et sonne sec ! Avec un joli son percutant quand les pieds chaussés de talons adéquats y placent avec justesse les bons accents. Olé ! Il y a surtout un juste milieu à trouver (mais par qui ?!). Spécial matheux-physiciens : c’est un peu rechercher la résolution de la quadrature du cercle (circassien).
Géométrie, force centrifuge et gravitation Et, ça n’a peut être l’air de rien, mais un parquet doit être horizontal. Celui ou celle qui a déjà guinché sur les lattes en pente de certaines guinguettes ou autres chapiteaux montés de guingois, connaît le guet-apens frappant les couples qui finissent tous par jouer des coudes dans le même coin surpeuplé et pour les enchaînés du hanter dro qui ont du mal à remonter la pente sans se cramponner. Les musiciens de leur côté peuvent alors se sentir esseulés loin tout là-bas, sur leur scène...
Et la meilleure des salles… c’est peut-être quand il n’y a pas de murs. Lorsque par une belle nuit d’été la danse est ouverte à la belle étoile sous des guirlandes lumineuses ou des lampions. La fraîcheur montante de la nuit, une légère brise qui avive les sens… Mais, règle d’or, il y faut tout de même un bon parquet !
Hervé Subiger (and Co…)