Danse des noces du King Arthur (épisode 2)

  

Le temps de préparation du spectacle file, la chorégraphie doit être assimilée. Amato travaille consciencieusement sa participation tout en observant les situations créées.

La deuxième répète permet de moins « compter les mesures et les temps » et de mieux s'imprégner de la musique. La mémorisation des figures est délicate, les automatismes acquis sont inégaux.
Durant la longue intro du morceau, une mise en scène permet sur 32 mesures de jouer à inviter spontanément sa partenaire, une danseuse parfaitement définie à l'avance. Ce n'est pas du bal et il n'y avait pas alors de carnets de bal en parchemins enluminés ! Une mini-éternité en scène sans danser, mais hop ! la danseuse est amenée au point «P» de départ avec un bref et courtois salut. D'une foule éparse sortent des       « sets » ordonnés.

Côté costumes, on ne sait trop si des paysans pouvaient danser à la cour, si des ceintures de cuir sont préférables à des cordons rustiques, si des chapeaux (ou des couvre-chefs dits « boudins ») sont propices ou pas à la danse et à l'évocation pas trop kitsch de l'ambiance médiévale recherchée.

Des gravures plus ou moins d'époque

Des gravures plus ou moins d'époque sont invoquées à l'appui. Il s'avère en passant que le « jacque » est une veste/tunique de drap rembourré, d'usage noble et militaire. Amusant : quatre des danseurs présents sont prénommés « Jacques ». C'est raccord.

Le danseur « ATP » déjà mentionné et rompu aux spectacles adopte une posture qui plaît à la chorégraphe, deux mains sur la hanche gauche pour les hommes « comme pour figurer une épée prête à la dégaine ». Bon, j'espère que les guerriers ne dansaient pas avec leurs épées, ni leurs heaumes, ni leurs armures, cela rend les gestes balourds. Bref, cette attitude entre mime et virtuel est testée de suite en musique. Allure donc altière, mais loin du « folk bras libres» des bals et de leurs postures sobres. Mais après tout, au cinéma, dans le « Sacré Graal » des Monty Python, les seigneurs figuraient bien leurs chevaux par des écuyers qui percutaient en rythme des noix de coco, alors...

Les diagonales prévues pour un départ de chaîne anglaise sont d'une géométrie encore trop ondulante, le pas chassé « en 8 » peu assimilé par certains cavaliers. Ils déboulent tout droit façon tauromachie. Pour ceux arrivant en face, esquiver la bête n'est pas danser!
La « gypsy », cette figure de contredanse anglaise « les yeux-dans-les yeux-mais-pas-touche », sème divers troubles, parfait, c'est « étudié pour ».
Le salut final au roi par chaque couple lors du cortège de sortie doit être régulé et débarrassé de révérences maladroites ou surjouées façon « galerie des glaces à Versailles ».
Le King Arthur du casting, bien cool pour le moment en baskets et en jeans, a une présence physique archi-crédible : il pourrait avec aisance jouer toutes les têtes couronnées depuis Charlemagne jusqu'à Henri IV. Son Excalibur légendaire est en métal bien sonnant et reluisant, cela promet.

a34-Danse-de-courLe studio de danse (oui, avec murs de miroirs) est deux fois plus petit que la vraie scène, il s'agira de bien occuper l'espace en spectacle, alors que là, c'est collé-serré par moments.
Finalement la danse se fera sans chapeaux. Il est décidé une répétition supplémentaire, ce ne sera pas du luxe. Nouveaux débats et choix vestimentaires ultimes de cottes, surcottes et tuniques. Dialogue masculin ouï à l'essayage : « Et tu mets quoi en dessous ?» - « Ben, comme pour un kilt, non ?! »

Amato

(A suivre ...)