Des rites antiques à la diversité contemporaine
La danse est un art corporel universel et intemporel. Elle est constituée d'une suite de mouvements structurés et esthétiques, souvent rythmés par de la musique, permettant d'exprimer des sentiments, de raconter une histoire ou de participer à un rituel. La danse est, dès on origine, un moyen fondamental d’expression et de partage collectif.
Les premiers témoignages de danse remontent à plus de 20 000 ans, comme l’attestent certaines peintures rupestres. Ces pratiques primitives, vraisemblablement mimétiques, remplissent plusieurs fonctions essentielles. Elles sont utilisées lors de rituels, tels que les célébrations de la fertilité, les rites de chasse ou encore les cultes des morts. La danse sert également à transmettre les savoirs et les mythes, jouant un rôle éducatif au sein de la communauté. Enfin, elle offre un espace de plaisir et de communion collective.
Au sein des grandes civilisations antiques, telles que l’Égypte, la Mésopotamie ou la Grèce, la danse occupe une place centrale dans le théâtre et les cérémonies religieuses. Progressivement, jusqu’à la fin de l’Antiquité, la danse perd son aspect strictement rituel et évolue vers un divertissement où la dimension esthétique domine, notamment dans les spectacles publics. Elle reste néanmoins une source de joie collective lors des fêtes et s’impose peu à peu comme un art à part entière.
Au Moyen Âge en Europe, la puissante église chrétienne interdit ou condamne la danse, la considérant comme une pratique païenne excessive. Malgré tout, le peuple continue à danser à l’occasion des fêtes diverses (danses populaires et paysannes). Certaines de ces pratiques, comme la carole ou le branle, sont progressivement adoptées par l'aristocratie et évoluent en danses de cour, posant les premières bases formelles du ballet.
La Renaissance marque un tournant dans la formalisation de la danse. Les danses de cour deviennent sophistiquées. En 1588, Thoinot-Arbeau publie son "Orchesographie", le premier manuel qui décrit les pas et les figures des danses avec précision, comme la gavotte et la volte (ancêtre supposé de la valse). Ces danses de la renaissance sont aujourd'hui souvent réinvesties dans les bals folk.
Le règne de Louis XIV, surnommé « Roi Soleil » en raison de son rôle dans un ballet, marque une étape décisive dans l’histoire de la danse. Passionné et pratiquant lui-même la danse, il fonde en 1661 l’Académie Royale de la Musique et de la Danse, avant même les académies des lettres et des sciences. Cet acte fondateur permet la formalisation du vocabulaire et des techniques de la danse classique, donnant naissance aux cinq positions de base.
Au XVIIIe siècle, la danse baroque cherche à se dépouiller de l'artifice pour exprimer les sentiments et les états de l’âme. C'est le début d'une quête d'expressivité. À la fin du siècle, la valse, originaire de Vienne et probablement issue de la Volte de la Renaissance, gagne ses lettres de noblesse et se répand en Europe, introduisant la notion de danse de couple enlacé.
Le XIXe siècle est marqué par l’apogée du ballet romantique, valorisant la figure de la danseuse, légère et aérienne, ainsi que la technique des pointes. La danse classique est définitivement codifiée, fixant les règles académiques qui demeurent en vigueur aujourd’hui
La Révolution française permet à la pratique du bal de sortir des cercles aristocratiques pour investir les jardins, hôtels et couvents. La danse devient ainsi accessible à la société dans des espaces publics. Entre 1830 et 1914, de nombreuses danses de couple originaires d’Europe centrale envahissent les salons, traduisant une évolution de la vie communautaire vers davantage d’individualisme. Parmi les danses reines, la polka, la valse et la mazurka se multiplient, tandis que la scottish apparaît à la veille du Second Empire et conserve sa popularité jusqu’en 1914.

Le XXe siècle voit une rupture avec la tradition, une accélération des styles et une explosion des genres.
En réaction contre la rigidité et la narration du ballet classique, des pionniers comme Isadora Duncan et Martha Graham rompent avec les codes pour se concentrer sur l'expression intérieure, le contact au sol (floor work), le "Contraction & Release" et l'émotion pure. C'est l'ère de la Danse Moderne.
Après la Première Guerre mondiale, qui bouleverse la vie traditionnelle en Europe, une profusion de nouvelles danses sociales apparaît, souvent importées des États-Unis et d’Amérique latine. Ces danses privilégient le réalisme de la vie quotidienne à l’esthétique académique. On retrouve ainsi le fox-trot, le tango, la rumba, le cha-cha-cha, le charleston (influencé par le jazz) et le swing (jive, lindy hop). Dans les années 1950, le rock & roll puis le twist dominent les pistes de danse.
Dans les années 1950-1960, la danse contemporaine se développe sous l’impulsion de chorégraphes comme Merce Cunningham et, plus tard, Pina Bausch. Ceux-ci s’éloignent de la narration pour explorer la structure, le mouvement abstrait, l’improvisation et l’interaction avec l’espace.
En France, à la suite de Mai 68, un mouvement folk naît vers 1970. Des passionnés de traditions collectent mélodies et danses anciennes, donnant naissance aux bals folk modernes, qui réinventent et pratiquent les danses populaires dans un esprit convivial, distinct des groupes folkloriques de spectacle apparus dès la fin du XIXe siècle.

La fin du XXe siècle et le début du XXIe siècle sont marqués par un mélange et une diversification croissante des styles. Le hip-hop et le breakdance, apparus dans les années 1980 dans les quartiers populaires, s’imposent mondialement. Les danses urbaines regroupent une multitude de styles, tels que le locking, le popping et, plus récemment, des formes émergentes mêlant l’énergie de la rue aux techniques contemporaines. Le XXIe siècle se distingue par une fluidité accrue des genres, les chorégraphes puisant dans le classique, le contemporain, le théâtre et les danses urbaines pour créer des œuvres hybrides et souvent engagées.
