Amato soliloque, chipote, annote, pianote


Ronde à cinqAmato a des lecteurs, mais ni contradicteurs ni débatteurs, pas même quand il se fait provocateur. Entre deux bals il rumine donc en solo à ses heures et transcrit ici ses observations et humeurs de chroniqueur amateur.

Amato soliloque, chipote, annote, pianote

Entre potes
Plusieurs groupes se succèdent en scène. Ils jouent leurs meilleurs morceaux qui sont souvent aussi ceux où, sans prise de risque, les danseurs seront forcément nombreux. Tant mieux… et très dommage, car cela appauvrit la diversité des danses, avec trop de cercles circassiens, trop de mazurkas, trop de gavottes, trop de chapelloises.

Une des bonnes pratiques qui s’établit par ailleurs, est celle de faire jouer un intermède acoustique pendant que la scène accueille et installe de nouveaux musiciens : pas de temps morts, une autre écoute pour du tout acoustique. Mais gare au « trop de » !

Danses rigolotes
Trop de groupes « confirmés » et bons techniquement répugnent à jouer des danses d’animation simples et différentes intégrant et encourageant les nouveaux participants. Ces musiciens les perçoivent comme répétitives et sans intérêt musical. Rappel : le bal n’est pas un concert. Ah, le branle du rat, la polka piquée, le chibreli, la bastringue, le sept pas, la gigouillette ou l’aéroplane ! Ça a quand même plus d’intérêt y compris « chorégraphique » sinon patrimonial que la chenille, la danse des canards ou la danse du balai des fêtes de familles… et c’est plus accessible que la bourrée d’Auvergne turbo-speed, le branle d’Ossau (entendu et vu en bal, si, si) la polska ou le fandango.

Re-re-re-belote
Quant à la 6ème mazurka en bal, cela fait quand même aimablement saturer.

Anecdote
Un loueur de salle a surtaxé l’organisateur parce que l’année d’avant, le parquet aurait été talqué pour les danseurs, d’où un surcroît de nettoyage. L’enquête semble s’orienter vers un profil de danseuse quasi professionnelle, peut-être sponsorisée par «Akileïne®» (marque déposée au slogan digne d’un nom de groupe folk : « Nous, c’est le pied ») !

Clignote
Tiens, la salle est équipée d’un limiteur de volume sonore, avec gyrophare rouge qui tourbillonne dès le dépassement d’un confortable seuil de décibels. Parfois il suffit d’un solo de bombarde, et hop, rougeoiements d’alerte de l’appareillage. Il va falloir inventer aussi un limiteur de tempo quand les musiciens s’emballent.

Plus rarement ces temps-ci, un système d’accélérateur serait utile aussi. Ainsi récemment alors qu’un Kost ar C’hoat était presque joué à la vitesse d’une valse écossaise, des danseurs experts râlaient gentiment. J’étais personnellement ravi, au contraire, car le ralenti m’a permis d’assimiler -enfin- les bases de cette belle danse. Ceci étant fait, c’est ensuite comme le vélo, on n’oublie jamais et on peut même accélérer.

Grignote
Moment un peu pathétique et redoutable où le groupe musical se croit obligé de caser son CD. Ça casse l’ambiance et me renvoie aux démos et échantillons gourmands saucisson-fromage annoncés au micro dans mon supermarché. En général les danseurs mélomanes savent bien que les têtes de gondole folk sont:

1) à la caisse de l’entrée

2) et/ou, en fin de soirée, quand la caisse n’est plus tenue, à l’avant de la scène.

Cerise sur la cancoillotte
Pour finir la session du mois, trois brèves de comptoir de buvette, presque plus dignes que de simples calembours de musiciens fatigués.

• La pavane n’est pas une danse courante.

• Au Qatar, « mazurka » s’écrit aussi toujours avec un « K »

• Mieux vaut une bise après une bourrée que deux bis de musiciens bourrés.

 Amato

 (A suivre…)