Luc Arbogast
Créé en | 2004 |
Style | Traditionnel mystico-médiéval |
Musiciens | 2 et quelques invités |
Chanteur | 2 et quelques invités |
Instruments | Bouzouki, guitares, grelots, flûte traversiere |
Musique | médiévale |
Danses | Branles doubles, cercles circassiens, bourrées 2 tps, chapeloises, scottishs, valses... |
CD | Fjall d'yr Vinur (2003) Domus (2004) Hortus Dei (2007) |
Contact | e-mail : courriel |
Extrait | ci-dessous |
Mélusine et Luc Arbogast jouent une musique inspirée de la France médiévale et surtout de la tradition paysanne où se chevauche mélancolie, joie et spiritualité. Ces ménestrels venus du moyen âge manient le clair-obscur avec ferveur et beaucoup de sincérité. Ils s’inspirent parfois de cantiguas de Santa Maria et de lieder de Walter von der Vogelweide, de Hildegaard von Bingen, ou de Guillaume de Machault. Domus a également le secret d’un ou deux morceaux chantés d'origine occitane réarrangés par les soins de Maria ou encore clui d’un branle double mélancolique chanté en français, qui se rapprocherai plus de notre époque.
Domus
2004
- Cantate mayor
- Selena
- Wenderlukia
- Salderalladon
- Nouchka
- La danse de l'ours (ou cercle circassien)
- Maria (valse)
- Aquitan
- Domus
- Unte de Lind
- Tarentella
- Gentils galants de France
- Lukul Scottanz (scottish)
Hortus Dei
2007
- Morgenstern
- La rosa enflorece
- La valse du miroir
- In memoriam Alesia (valse)
- Palästina lied
- Dama de Cataluna
- Non sofre Santa Maria (bourrée)
- Beold de maï
- Entre moi et mon ami
- Unicornus
- Hortus Dei
- Ange
Extraits d'un texte déniché sur le site Pastèque et cætera, page Domus
Il n'a pas longtemps, je me balladais à Avignon sur la place du Palais des Papes. Dans ce grand espace dégagé et encore plein de monde en ces derniers jours de l'été, soudain une voix s'élève, un chant poussé par une voix vibrante mais euh... Femme ? Homme ? On dirait une voix de soprano mais non, quelque-chose ne va pas, cette profondeur et cette gravité subtile qu'on ressent quand-même à travers les notes pourtant haut perchées... Je plisse les yeux pour voir tout là-bas au pied de l'escalier le personnage assis sur un tabouret (devrais-je dire sur un sgabello ?) : c'est Luc Arbogast qui chante, s'accompagnant de ce qui est peut-être un luth (mes cours de musicologie sont loin ! soupir...). Je m'approche...
... et je rejoins le petit groupe qui, en même temps que moi, par le chant alléché, rejoint le musicien. Pas de doute, c'est bien un homme. On dit quoi, pour une voix d'homme capable d'aller à ce point dans les aigus ? Ténor ? Il me semble qu'un ténor ne monte pas si haut. Soprano ? Je croyais que l'appellation était réservée aux femmes. Bah, qu'importe l'étiquette ? Ce que j'entends est une voix pure comme le cristal, vibrante et chaleureuse.
Les chansons évoquent parfois le chant grégorien, parfois les chants païens du Moyen-Âge. Je comprends quelques mots par-ci par-là, j'attrape au vol un bout d'allemand, une once de français, peut-être un brin de latin, un soupçon d'italien ? On s'y perd ! Il chante en esperanto ou quoi ?
Il s'accompagne d'un instrument à cordes pincées (je crois qu'on dit ça) qui est donc peut-être un luth, un truc du genre en tout cas ; un de ces instruments un peu perdus de vue mais pas tout à fait et qu'on retrouve toujours avec curiosité et étonnement. A ses chevilles, en guise de bracelets, des grelots de tailles diverses avec lesquelles il marque le rythme. Un vrai p'tit homme-orchestre, quoi ! Mais que d'émotion, que de vibrations chaudes dans l'association du rythme, de la mélodie et de la voix !
Parlons de l'homme. Au premier regard, je me dis : tiens il a un look gothique qui contredit un peu la pureté de la voix. Mais non, c'est pas gothique, qu'est-ce qui me fait penser ça ? Le crâne rasé ? Ben non. Le gros tatouage visible sur l'avant-bras ? Bof. Sûrement pas les grosses godasses de marche. En fait il est plutôt habillé comme un troubadour. Dommage, je n'avais pas mon appareil photo, mon souvenir est devenu un peu flou mais je conserve le sentiment de sa présence forte. Et puis tout mitrailler à l'APN ça empêche parfois de vivre pleinement l'instant, alors je me console, pas grave, j'aurai pas d'image mais j'aurai un beau souvenir gravé en moi.
Le soleil tape dur, l'homme fait une pause et parle à son public. Il parle en français, en allemand, je sais plus si on a eu droit à l'anglais aussi. Je comprends aussi qu'il a commencé à chanter comme ça vers l'âge de 21 ans. Il explique qu'il chante en fait en plusieurs langues, en mêlant des mots de différents pays selon leur vibration, parce qu'un mot lui semble plus expressif dans telle ou telle langue. Joyeux mélange ! Il dit enfin que sa femme joue ou chante avec lui mais qu'elle aime moins les spectacles de rue alors que lui aime partir sur les routes, parce que c'est là qu'on fait des rencontres et qu'on parle à plein de gens.
Le bonhomme a un vrai charisme, il parle avec une simplicité débordante d'amour et une pointe d'humour. Un grand gosse passionné, au fond. C'est beau, ça ! Alors j'ai posé un mot dans son Livre d'Or et j'ai acheté son CD. Je craignais d'être déçue en l'écoutant parce que souvent, quand on écoute de la musique dans la rue, la présence des musiciens et la beauté de l'instant contribuent à nous faire apprécier ce qu'on entend. Mais non, là ça tient la route, j'aime beaucoup le disque.
Texte paru dans © Le Point tous droits de reproduction réservés, 20 octobre 2005
Luc Arbogast, le troubadour de la cathédrale
Look de mauvais garçon et voix de mezzo-soprano, Luc Arbogast chante sur le parvis un répertoire médiéval célébrant l'amour courtois et la communion avec la nature.
Arborant une jupe de cavalerie thaïlandaise, ce grand gaillard aux multiples tatouages, coiffé de sept tresses à l'arrière du crâne et flanqué de grelots à chaque cheville, pousse la chansonnette sur le parvis du monument, tout au long de l'année. À peine a-t-il ouvert la bouche qu'il fait sourire les touristes, amusés par le contraste frappant entre sa voix haut perchée de « contre-ténor mezzo-soprano » et son look de mauvais garçon... Un paradoxe qu'aime cultiver à l'évidence ce musicien des rues un peu particulier.
Voilà huit ans que Luc Arbogast égrène au même endroit son répertoire d'inspiration médiévale. À force de le voir, certains Strasbourgeois ont même fini par penser qu'il faisait partie du décor ! « On me demande parfois si je suis payé par la cathédrale pour jouer », s'amuse ce jeune Alsacien de 30 ans. S'il a choisi de se produire devant l'édifice religieux, c'est parce qu'il est à ses yeux « le plus bel endroit du monde ; un chef-d'oeuvre qui porte en lui la foi de ses bâtisseurs ».
Par moins 14 degrés
Né à La Rochelle d'un père strasbourgeois et d'une mère allemande, ce troubadour des temps modernes raconte avoir ressenti une véritable fascination, le jour où, encore enfant, il a découvert les lieux. Un saisissement tel qu'il lui permet de jouer aujourd'hui même en plein hiver par moins 14 degrés... Et s'il manque à l'appel, en été, c'est parce qu'il est parti sur les routes de France avec sa jeune femme Mélusine, s'inviter dans les foires médiévales qui fleurissent un peu partout dans le pays.
Issu d'une famille traditionnelle (père militaire, mère au foyer), Luc Arbogast a exercé cent métiers avant de se consacrer pleinement à la musique. Sa passion a fini par l'emporter sur la nécessité d'un emploi fixe. Car Luc Arbogast se souvient avoir toujours tenu un instrument entre les mains : piano, guimbarde, harmonica, ocarina, flûte baroque...
Dès son plus jeune âge, c'est à l'oreille qu'il a appris les accords. « Je jouais pour Dieu, pour l'univers », explique ce mystique païen, qui se définit comme un post-chrétien fondamentalement animiste.
Passionné par le Moyen Âge
Mais l'objet qu'il manie aujourd'hui avec adoration, c'est le bouzouki irlandais, cousin du théorbe, un instrument à huit cordes, découvert par hasard. Un vrai coup de foudre ! « Ses notes basses soulignent le lien avec la Terre, ses aiguës, le lien avec le Ciel. » Avec, il rejoue Maria, son morceau occitan préféré, La Danse de l'ours et le Palästina Lied ; il puise également dans le répertoire d'Hildegarde von Bingen, l'auteur germanique du fameux Unter der Linden. Le chanteur écrit aussi des chansons qui célèbrent l'amour courtois autant que la communion avec la nature, ou bien des morceaux classiques, qu'il réinterprète dans sa langue inventée, un mélange d'occitan, d'ancien français et d'allemand médiéval...
Pourquoi cette fascination pour le Moyen Âge ? « Parce que de cette époque difficile, où la société était si cloisonnée entre les paysans, les nobles et le clergé, sont nées les plus belles mélancolies. » Une émotion que le jeune homme a voulu perpétuer dans les trois disques qu'il a autoproduits. Le dernier, « Domus », du nom du groupe formé avec son épouse, se veut une promenade dans le jardin secret du couple, le tout dans un décorum sonore peuplé de bruits d'animaux et de murmures de la nature. Après écoute, vous ne regarderez plus jamais l'étrange hôte de la cathédrale de la même façon...
Catherine Piettre
© le point 20/10/05 - N°1727 - page 422