A fond !
Deux images de bals, que vous avez tous sûrement déjà vues – chacun peut y mettre des noms divers - :
L'une: ils sont quatre ou six sur scène, ou même huit, ils sautent, ils bondissent , ils cognent leurs instruments, ils tapent du pied, ils lancent des hourras, s'interpellent, lancent des blagues, demandent plus de son, plus de retour, crient Allez!, tapent dans leurs mains pour entraîner la salle. De l'énergie! Encore!
L'autre: ils sont deux, ne bougent guère, sauf leurs doigts, ils sont même peut-être assis, concentrés, les yeux parfois fermés même, ne parlent guère, juste quelques mots pour présenter la suivante, et ils disent merci après. Un film muet les montrerait bien tranquilles!Mais dans la salle, quelle énergie, quel mouvement leur musique fait naître! On vibre, on s'enthousiasme,on se donne, à fond, à la danse, emporté qu'on est par leur musique à laquelle ils se donnent, à fond. A fond, c'est-à-dire pas en hurlant, pas en stimulant la salle, pas en s'agitant, mais en habitant à fond cette musique. L'énergie naît de leurs doigts, de leurs voix peut-être, de leur créativité, du fond d'eux-mêmes, les traverse, et vient nous traverser. Bonheur...
Caricature? A peine. Entendons-nous: le nombre importe peu, les instruments non plus (violoncelle ou basse, percu ou traverso, cornemuse ou low whistle...), et je n'ai rien contre les groupes nombreux, certains sont somptueux! Mais de nombreux groupes confondent énergie sur scène et énergie dans la salle. Et c'est bien dommage.
L'énergie n'a pas besoin de se montrer sur scène, mais de se développer dans la salle. Et pour cela, il me semble qu'elle est contenue d'abord dans la musique, dans sa beauté, son travail, sa maîtrise, son adaptation à la danse. Inutile d'en remettre sur la scène: le public s'enragera, chantera ou entrera en transe si la musique l'y invite bien...
Cheveux Gris