Dragurka
En danse, chacun son style, c’est sûr.
Moi, j’aime bien la mazurka, surtout avec mon cavalier favori dans les bras.
Or, nous voici sur un parquet bien loin d’Alsace, bien loin au sud. Mazurka, belle musique, et nous décollons ensemble joyeusement, et ma belle jupe tourbillonne derrière moi.
Et voilà que j’ai la curieuse impression qu’on nous regarde. Tout autour du parquet, au passage, les regards nous suivent. Dansons-nous si mal ? Ma jupe a-t-elle craqué ? Ou gifle-t-elle quelqu’un au passage ? Les regards insistent. Un instant, je rêve qu’ils soient admiratifs. Mais là, non, faut pas exagérer, nous dansons correctement, mais pas au point de susciter l’admiration des foules ! Regards, regards, aux quatre coins du parquet, regards. Alors ?
Un peu plus tard, un verre à la main, c’est nous qui regardons. Et là…tout s’explique. Je sais que nous dansons « grand ». Mais les autres…ce n’est pas qu’ils dansent « petit ». Ils tournent tout petit petit, étroitement serrés, corps contre corps, nuque baissée, joue contre joue : la mazurka-slow ! On se croirait dans les « boums » des années 60, ou en boîte à l’heure des slows.
Plus d’envol, de tourbillon, de mouvement. Chacun pour soi. On ne voit plus tourner la salle. Snif. Pauvre mazurka !
C’est sûrement très tendre.
Mais plus très convivial.
Cheveux Gris