Celtes sans frontières, mythes à tout prix
Chauds les marrons, sculptons les potirons, Halloween has been back. Les liens festifs entre musiques et calendriers, pour des coutumes apprêtées aux sauces et nappages grand public d’aujourd’hui, posent bien des questions. S’il ne reste un jour qu’un prêcheur celto-sceptique dans le désert, ce sera peut-être Amato.
- Ouf, Halloween est à nouveau passé, avec ses étalages aussi opportunistes que laids. Halloween commercialement forcé malgré ses habituels alibis culturels de « redécouverte de notre authentique Grand Passé de Celtes ». Oui, ma chère, nous serions donc tous des celtes, galiciens, asturiens, alamans, new-yorkais, australiens (sauf les aborigènes à didgeridoos, quoique…) mais gaulois aussi, bien sûr. Nos joyeux zélateurs celtophiles festifs et ludiques prennent trop aisément la BD et le fantastique pour des publications savantes de référence.
- Nos ancêtres "les" Neanderthal et Cro-Magnon, sans nul doute déjà Celtes par anticipation, via le droit du sol (tu nais en Celtoland, tu es donc celte quelque part), ou par le droit du sang et de l’ADN (nous sommes tous cousins « à la mode de Bretagne »), ne détonnent pas dans l’arbre musicologique. Ils devaient d’ailleurs moduler à leur façon, en soufflant dans des os astucieusement percés, les ébauches des futurs jigs, reels, gavottes et kas ha bahr. Ils furent ainsi, dans leurs cavernes, sans s’en douter, je suppose, les précurseurs de la grande ferveur d’adhésion interculturelle à la grande fraternité conviviale, de cette tribu fédératrice, future supra-Nation du celtisme contemporain.
- Je savoure donc un bref répit hivernal maintenant jusqu’aux prochains avatars et réinventions de mythologies fourre-tout et de bimbeloteries celtiques, para-celtique, néo-celtique et crypto-celtique. Ces amalgames mixés sont assez « salade de fruits » ou « pot-au-feu », souvent les deux mélangés délicatement, pour plaire au plus grand nombre.
- Cette pause ira jusqu’en mars, avec la fête de Saint-Patrick, sorte de rite du beaujolais nouveau celtisant avec bière rousse, sur fond de musique de pub. A moins que, ouille, ouille, ouille, pire que les citrouilles, on ne nous reprogramme un coup de solstice druidesque dès décembre. Avec force débarquement de korrigans, farfadets et autres créatures réarrangées en pur Disney, ou en lutins du « Père Noël - Santa Claus », que j’imagine tous déjà en manque de gui, de cervoise, de pancakes (crêpes), de pop corn et de cola.
Je précise toutefois que j’aime beaucoup et pratique volontiers à l’occasion, comme danseur et musicien, les répertoires irlandais, écossais, gallois, bretons…mais que j’exècre leurs contextes et discours panceltiques plaqués et contreplaqués pour les besoins du marketing et de ses illusoires fantaisies porteuses. A quoi bon ces rêves de paradis imaginaires perdus quelque part entre les Iles Shetland et l’Atlantide ?
Amato
(A suivre…)