Les origines du folk aux États-Unis
La musique appelée folk apparaît entre les deux guerres aux États-Unis avec des artistes comme Woody Guthrie et Leadbelly qui font revivre la musique traditionnelle des campagnes.
Woody Guthrie (1912, 1967) vit de ses talents de multi-instrumentiste en faisant la manche et en vendant ses dessins. Il s'engage très jeune dans l'action politique et se place au cœur des luttes sociales de Californie, opposant sa guitare et ses chansons à l’autorité de l’État. Il attire ainsi l'attention des auditeurs de country music et des folkloristes new-yorkais. Il devient l'un des favoris de Greenwich Village. Son folklore protestataire exercera une influence majeure sur tous les futurs chanteurs engagés comme Bob Dylan, Joan Baez ou Bruce Springsteen.
Leadbelly (+/-1885 - 1949) est un maître de la guitare douze cordes à la voix aiguë et puissante. Ayant appris des chansons dès son plus jeune âge, c’est une encyclopédie de la musique traditionnelle. Entre 1918 et 1934, il passe plusieurs séjours en prison. À sa libération, gracié par le gouverneur séduit par sa musique restée intacte, il entame une carrière riche en concerts et enregistrements.
Pete Seeger, autre figure emblématique du folk, fils de musicologue, parcourt les campagnes des États-Unis pour collecter des musiques et enrichir son répertoire. Armé de son banjo, de sa guitare et de centaines de chansons traditionnelles, il se bat pour toutes les bonnes causes (esclavagisme, guerre, impérialiste…). Ses passions pour la politique, l’environnement et l’humanité lui valent autant de fans ardents que d’injures vocalistes quand il commence à tourner, à la fin des années 1930. Il interpelle les musiciens d'Europe par sa lettre ouverte "Ne vous laissez pas coca-coloniser". Son influence musicale sera considérable. Des générations qui ont appris à chanter aux rythmes de Pete doivent se compter en millions.
Dans les années 50 , les artistes comme The Kingston Trio, Joan Baez et Bob Dylan poursuivent cet élan musical.
The Kingston Trio, groupe formé en 1957 par trois étudiants musiciens de San Francisco. Leurs chansons accompagnées de guitares et banjos remportent un succès énorme et leur valent de nombreuses récompenses et disques d’or. Quatre albums classés en même temps dans le top 10 des ventes, record inégalé pendant presque quarante ans. C’est un des rares groupes qui a réussi à populariser le folk jusque dans les années 90 malgré les changements de mode musicale.
Joan Baez devient leader de la scène folk alors en plein renouveau. Soprano parfois surnommée « la Madone des pauvres gens »,elle chante des ballades anglo-irlandaises, participe à de nombreux festivals et ses albums deviennent rapidement disques d'or. Avec la rencontre de Bob Dylan en 1963, ses chansons prennent un aspect très politique, comme le fameux 'We shall overcome'. Après une période de folk populaire, sa musique devient plus country avec l'album 'Diamonds and Rust'. Fin des années 80, après une décennie en Europe, Joan Baez retourne vers son public américain avec 'Recently', sur lequel elle reprend des chansons de rock-stars politiquement impliquées comme Peter Gabriel et U2. En 1995, Dar Williams, Indigo Girls et quelques autres artistes féminines folk apportent leur contribution à l’album 'Ring Them Bells'. Joan Baez reste aujourd'hui l'un des symboles musicaux de la 'révolution' américaine des années 1960.
Dès son enfance, Bob Dylan apprend la guitare et l'harmonica bercé par le blues. Son premier véritable album "The freewheeling » en 1961 marque fortement la communauté folk de Greenwich Village. Ses textes hors du commun, son goût pour des poètes comme Arthur Rimbaud et John Keats, mêlé à ses revendications politiques, en font un chanteur unique. Dylan séduit autant le public que le monde de la musique, notamment Joan Baez, autre figure folk revendicatrice. Ses albums s'orientent ensuite vers des sonorités plus rock et marquent la césure avec le public folk et pop. Mais ses chansons étonnent et passionnent toujours les foules et même les universitaires. Après 1966, sa musique évolue indépendamment du rock et se stabilise. Bob Dylan devient un grand nom de la musique et influence de nombreux artistes folk et rock. Dans les années 90, Bob Dylan continue les tournées et sort de nouveaux albums.
Greenwich Village, quartier résidentiel de Manhattan à New York, devient le grand centre de la renaissance de la scène folk. Son principal point de rencontre est le Folklore Center, fondé en 1957 par Izzy Young. Dès son arrivée, Boy Dylan participe à une soirée "Hootenanny" (scène ouverte à tous pour quelques chansons) et interprète des chansons de Woody Guthrie. Il y joue beaucoup et plus tard compose ses chansons inspirées par la vie New-Yorkaise. Izzy Young y produit le premier concert en tant que professionnel de Dylan. Le quartier accueille également des poètes, des artistes peintres et toute une multitude de personnes qui recherchent une nouvelle identité culturelle et un autre mode de vie. Greenwich Village avec ses nombreux bars devient pour ses chanteurs un lieu de rencontre et d’expression libre et verra la naissance de nombreuses célébrités.
Dans les années 60 , l’arrivé de la pop porte un coup sévère à l’ego du folk. Les style se mélangeant, on voit apparaître des groupes comme les Byrds, musiciens folk qui électrisent leurs guitares. Fan des Beatles, ils font de la chanson traditionnelle "Mr Tambourine Man" un grand tube. Des groupes comme Buffalo Springfield, The Mamas And The Papas, Love, The Turtles et même Boby Dylan imitent alors ce nouveau genre rock-folk, provoquant la foudre des fans puristes. Le folk, tout en devenant chaotique et saturé, s’élargit encore à un public plus large.